Complainte amoureuse

Alphonse Allais

Complainte amoureuse
republiée dans Par les bois du Djinn – Fayard (1997)

Oui, dès l’instant que je vous vis,
Beauté féroce, vous me plûtes ;
De l’amour qu’en vos yeux je pris,
Sur-le-champ vous vous aperçûtes ;
Mais de quel air froid vous reçûtes
Tous les soins que pour vous je pris !
En vain je priai, je gémis :
Dans votre dureté vous sûtes
Mépriser tout ce que je fis.
Même un jour je vous écrivis
Un billet tendre que vous lûtes,
Et je ne sais comment vous pûtes
De sang-froid voir ce que j’y mis.
Ah! fallait-il que je vous visse,
Fallait-il que vous me plussiez,
Qu’ingénument je vous le disse,
Qu’avec orgueil vous vous tussiez !
Fallait-il que je vous aimasse,
Que vous me désespérassiez,
Et qu’en vain je m’opiniâtrasse,
Et que je vous idolâtrasse
Pour que vous m’assassinassiez !

Le Président à l’arsenic

(Sur l’air du pudding à l’arsenic d’Astérix et Cléopatre)

Dans bol de bonus
Faites poser votre femme nue,
Faites tiédir vos promesses
Dans une histoire de fesse
Oh ! Je vais en mettre deux.

Quelques gouttes de religion
Redécoupez les régions
Un porte-parole pas très fin
Et au peuple un peu de pain !
Nooon ! Ah ? Bon.

Emiettez votre arsenic
Dans un débat polémique
L’identité nationale
Et un bouclier fiscal
Oh Oh ! Je vais en mettre trois

Faites venir les socialistes
Mais aussi les villiéristes
A coté d’Eric Besson
Vous avec l’air d’êtr’ moins con
Nooon ! Ah ? Bon.

Faites l’éloge du travail
Il n’y a que ça qui vaille
Faut se lever aux aurores
Pour gagner trois pièces d’or
Oh oh ! Je vais n’en mettre qu’une seule

Décorez de fruits confits
Seize ministères ça suffit
Une grippe finance les labos
Demain un nouvel impôt !
Noooon !!!… Heu Ouiiiii !
Ah ! Je savais bien qu’ça serait bon !

L’président à l’arsenic
Nous permet ce pronostique
2012 les élection
Qui donc se retrouvera marron ?
SAR – KO – ZYYYY

Tout fout le camp!

N’est-ce pas ma brave dame ?

Bon, je viens de tomber sur un site internet complètement consternant. Ca s’appelle http://www.jaimemoncarre.com, ça se veut tendance et artistique mais ça n’est que de la vulgaire réclame pour un accessoire de mode que je croyais abandonné dans les greniers versaillais : le carré Hermès! Oui mes amis vous avez bien lu : le carré Hermès revient et il est tendance ! Nom de Zeus!

Le carré Hermès c’est ce bout de soie que mettaient les vertueuses mères de familles de Dimanche pour aller à la messe. Ajoutez-y un rang de perles et vous aurez le prototype parfait de « Madame de la Grande Motte » épouse « de Longfallus » et mère de sept enfants.

Alors allez faire un tour sur ce site « jaimemoncarre » et voyez de quoi il en retourne. Surpise il y a un pèle-mèle de photos de midinettes « Anna » « Courney » « Tracy » « Harley » « Ella » et « U ». Mais où sont passées les « Marie-Clantale » ?
Et puis à être « actrice » et « chanteuse », ces demoiselles semble bien éloignées des activités qui feront d’elles d’authentiques fées du logis !

Alors non, je déplore cette usurpation. Le carré Hermès était la discrète marque de la fille qui allait garder sa vertu jusqu’au mariage et maintenant on découvre que Ella de Paris fait l’amour en écoutant Edit Piaf et qu’elle sort dans tous les sous-sols « crado ». Merci pour tous ces détails et mes cordiales salutation à Monsieur qui mérite notre respect; concurrencer la Môme Piaf avec son petit oiseau, fallait oser.

Allez, redevenons sérieux deux minutes. Hermès c’était l’élégance non ? Ben voilà c’est devenu de la mode.

Apprenez à reconnaitre un Protestant

C’est avec consternation que j’ai appris que Jean-Jacques Bourdin a osé affirmer que Barack Obama est catholique. Ce journaliste semble ne pas faire la différence entre les courants chrétiens et amalgame, comme Laurent Gerra qui donnait du « catholique » à Georges W. Bush, tout ceux qui vénère de près ou de loin Jésus Christ.
Pour éviter que ce genre de malentendu fâcheux ne se reproduise, j’ai listé les grandes caractéristiques qui vous permettront de différencer du premier coup d’oeil un protestant d’un catholique.

– Le protestant est hermétique à l’art. Les murs de leurs temples restent désespérément vides. Les fortunes qu’on leur prête ne sont manifestement pas défiscalisées par ce biais.

– Le protestant est besogneux. Il s’obstine à lire la Bible là ou les catholiques peuvent se contenter des infaillibles sermons pontificaux.

– Le protestant ne respecte pas la Saint Eucharistie et va communier sous les deux espèces comme s’il ne s’agissait que de vulgaires nourritures terrestres.

Une mise en garde : attention à ne pas confondre un protestant cuit avec un catholique qui n’est pas cru.

Voilà pour cette petite leçon du jour. J’espère que Jean-Jacques Bourdin se montrera plus scrupuleux à l’avenir et si tel n’était pas le cas il sera envoyé en camp de rééducation religieuse chez son tonton Gilbert le Messie cosmo-planétaire du Madarom.

Un doux piège paroissial

Quand je suis arrivé dans l’eglise à l’heure des vêpres j’ai d’abord déchanté. Moi qui pensai retrouver des jeunes actifs partageant mes préoccupations. Le « diner des célibataires » était en fait couru exclusivement par les vieilles toupies de la paroisse. Mais c’était un piège auquel je pourrais échapper facilement en suivant dévotement les vêpres pour ensuite prendre congé.
L’office a donc commencé. Les psaumes, les chants, ces paroles simples, essentielles et fondamentales. J’ai moins senti le poids des journées sur mes épaules. L’assemblée quel qu’elle fût m’a permis de me sentir moins seul. Je ne faisais même plus attention à l’accoutrement de la vieille vierge devant moi encombrée d’un sac banane noué au dessus de son manteau bleu délavé et trop long. La guitare du chantre se mettait à accompagner agréablement les refrains ; un comble  pour qui déteste les guitares dans les églises !

Ce qui est lumineux  dans la liturgie catholique c’est qu’avec elle on peut se reposer l’âme et l’esprit en retrouvant au minimum pendant dix minutes une sérénité que la vie courante nous empêche d’atteindre. Appréhender son prochain en allant au-delà des immuables préjugés vestimentaux et/ou sociaux, quelle relaxation ! Comme on se sent léger !  La liturgie, avant même d’être un concept religieux, est un outil formidable pour se reposer l’esprit. Et une fois l’esprit reposé c’est l’accès à l’âme qui devient plus facile.

Donc après un petit quart d’heure de repos, au moment d’aller saluer le curé je savais bien qu’il allait m’inviter à sa table maudite (mon esprit s’était réveillé) et que je ne pourrais refuser son invitation. Je me suis donc retrouvé au milieu de ce petit monde aux cheveux blancs et à la mode vestimentaire approximative mais ô combien riche humainement.
Car je l’avais prévu dès les vêpres et sans vouloir me l’avouer : je passerais une excellente soirée entourée de personnes extrêmement sympathiques. Nous avons discuté d’innombrables sujets. C’était très enrichissant, très agréable et a admirablement rempli une soirée de célibataire éloigné de sa famille.

Les rendez-vous paroissiaux lorsqu’ils sont précédés d’un office sont des piège avec des mâchoires de velours.